Histoire
Les talons de mes bottines claquent sur le pavé froid tandis que je frotte vigoureusement mes mains l'une contre l'autre, mon souffle chaud créant un nuage de vapeur dans la fraîcheur de la nuit brumeuse. Il me fallait un lieu sûr, mais en plein Whitechapel c'était difficilement trouvable aussi tard. Le bruissement du vent accompagnait le bruit qui me semblait si lointain des rires, cris et tintement de vaisselle derrière des murs si fins qu'ils laisseraient échapper le moindre chuchotement. Je soupirais enfin de soulagement au détour d'un passage étroit, arrivant dans une ruelle visiblement sans issue, et à mon plus grand plaisir, vide. Seul quelques déchets parsemait le sol d'une façon bien triste. Je les repoussais du pied, non sans dégôut, et m'installais avec pour simple siège mon sac rapiécé. Il ne contenait que mes pauvres richesses, mais j'y tenais trop pour le laisser à côté de moi. Je ramenais mes manches sur mes doigts glacés en reposant ma tête sur le mur derrière moi, enfin reposée. Puis je levais le menton pour admirer les tâches blanches constellant le ciel au milieu des toits, apercevant le fin croissant de lune tel un sourire narquois derrière le brouillard londonien. Où que je sois, la lune semblait m'accompagner, je n'avais qu'à lever les yeux pour être rassurée par sa présence.
Cathy Bridges
Depuis toujours. Enfin, toujours signifie pour moi le plus loin que je puisse me rappeler : C'est à dire trop peu. J'estimais que mon âge était de 22 ans, au fil des avis que je recevais. Et le plus loin souvenir que j'avais devait se situer vers ma dizaine d'années. Je jouais sous un pont avec un garçon, dont je ne me rappelle aucunement du prénom, mais qui tout comme moi vagabondait dans les environs. Lorsqu'il m'as demandé comment je m'appelais et que je n'ai su que répondre, il m'en a proposé un. Catherine, venant d'une riche demoiselle qu'il avait remarqué au coin d'une rue quelques jours avant. Contrairement à moi, sa longue chevelure rousse était disciplinée en un chignon serré mais nous avions le même regard selon ses dires. Je me suis prise à rêver à un lien de famille avec la mystérieuse bourgeoise, et depuis ce moment j'aimais qu'on m'appelle Cathy, diminutif symbolique de ce passage de ma vie, ayant contribué à me créer une personnalité. Puis il me semble que j'ai perdu de vue ce petit, sans savoir ce qui lui était arrivé. Je ne suis pas de nature solitaire, mais c'est plutôt la solitude qui m'as poursuivi dans mon histoire. Pas de parents aimants, pas d'amis sincères durant de longues années, si ce n'est l'homme qui m'as pour ainsi dire recueilli lorsque je n'avais plus les moyens de survivre. Je volais rarement, de peur de me faire prendre, ce qui heureusement n'était jamais arrivé, mais j'avais de plus en plus de mal à me nourrir assez. Je passerai les détails sordides, mais je pensais pouvoir me laisser mourir. Mon sauveur, ange gardien, protecteur ou quelque soit le nom que je pourrais lui donner m'avais donc trouvé gisant dans une ruelle, et m'avais proposé de travailler avec lui, ou plutôt pour lui, mais quelle importance, j'avais besoin de vivre, quelque soit sa proposition. Je me retrouvais donc vers mes 16 ou 17 ans si j'en crois mon âge estimé, à faire le trottoir pour ce cher Aaron. Il me semble que ce soit la seule personne qui soit resté plus d'un an dans ma vie au final.
Je commençais à tomber de sommeil à me remémorer ces vieilleries. Mais qui a besoin d'un passé quand on n'attends rien du futur ? Le froid m'empêchait de revenir plus loin dans mes souvenirs de toute manière. Il n'y avait que mon sombre présent actuellement, rien de moins, et rien de plus, je devais bien me faire à cette idée.
Avatar : Molly Quinn
Ma personnalité ne me semble pas particulièrement intéressante, mais suis-je objective ? Mon manque de confiance en moi influence certainement cet avis. Je cache cependant très bien tout cela derrière ma joie de vivre et mon caractère bienveillant. Oui, ça doit bien être ma plus belle qualité, noyée parmi tout ces défauts que je vois bien plus. Je ne suis pas spécialement stupide, mais je n'ai jamais eu accès à l'éducation ; Par contre, je me considère comme assez maline, bien que souvent tombant dans la naïveté au final. Assez maladroite et loin d'être assez discrète, je prends garde à ne pas trop abuser de la facilité de voler ici. Ou alors est-ce parce que je suis plus discrète que je ne le pense que ça me semble facile ? C'est un détail sans importance de toute manière. Je suis en général positive, mais dans des accès de panique je me retrouve vite dans le ressentiment inverse. Cela vient plutôt de mon côté lunatique et hypersensible. Au final, beaucoup de défauts pour peu de qualités, mais disons que tout passe avec un gentil sourire, non ?.